Énergie éolienne au Québec

Le débat sur l'énergie éolienne au Québec a été lancé après la signature du protocole de Kyoto, tandis que la province de Québec s'est mise à chercher d'autres sources d'énergie renouvelable que l'hydro-électricité produite par Hydro-Québec.



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  • Vu la composition actuelle du portefeuille énergétique au Québec, c'est à priori à titre de source complémentaire d'énergie que l'apport éolien devrait... (source : hydroquebec)

Le débat sur l'énergie éolienne au Québec a été lancé après la signature du protocole de Kyoto, tandis que la province de Québec s'est mise à chercher d'autres sources d'énergie renouvelable que l'hydro-électricité produite par Hydro-Québec.

Le potentiel éolien

Le Québec aurait un potentiel éolien théorique total, mais techniquement exploitable, de 3 984 322 MW[1] soit près de 100 fois la puissance de la totalité de ses centrales hydrauliques. En se limitant au territoire localisé à moins de 10 kilomètres de part et d'autre des lignes à haute tension qui parcourent la province, le potentiel éolien du Québec demeure supérieur à 100 000 MW de puissance, soit 3 fois sa production hydraulique actuelle. La principale limite au développement du potentiel éolien du Québec est la capacité du réseau électrique actuel à intégrer à peu de frais cette nouvelle production. Cette capacité d'intégration a été estimée par Hydro-Québec à moins de 4 000 MW.

Cette limite de 4 000 MW (soit l'équivalent de 10 % de la capacité de production totale d'Hydro-Québec) est cependant contestée par plusieurs observateurs qui estiment que le Québec pourrait profiter de la complémentarité naturelle entre l'éolien et l'énergie hydraulique pour pousser la part de l'éolien à plus de 20 % de la capactité de production totale. En effet, l'énergie éolienne, intermittente par nature, ne peut qu'être une source d'appoint dans un réseau qui repose sur des équipements de production peu flexibles comme le thermique ou le nucléaire. Par contre, la grande flexibilité de l'énergie hydraulique (dont la production peut fluctuer rapidement par l'ouverture ou la fermeture des vannes d'un barrage) couplée à l'énorme capacité d'entreposage de l'énergie que forment les réservoirs d'Hydro-Québec, permettraient au Québec de profiter bien plus aisément qu'ailleurs de son potentiel éolien.

Selon Greenpeace, le Québec serait même le meilleur lieu en Amérique du Nord où poser des éoliennes pour la qualité de ses vents .

Historique du développement éolien au Québec

Éolienne à axe vertical en Gaspésie.

Après la construction de quelques éoliennes expérimentales de grande puissance dans les années 1980 et 1990, surtout aux Iles-de-la-Madeleine ainsi qu'à Cap-Chat, Hydro-Québec choisit de se retirer de ce secteur. Ses éoliennes à axe de rotation verticale pouvant produire jusqu'à quatre mégawatts souffrent de nombreux problèmes techniques qui convainquent la société d'État que cette filière énergétique n'est pas rentable.

Les succès de l'énergie éolienne observés à la fin des années 1990 au Danemark et en Allemagne, surtout, les difficultés économiques de la Gaspésie (où se trouvent les principaux gisements éoliens de la province) et la pression croissante des écologistes, poussent le gouvernement du Québec, alors dirigé par Bernard Landry, à lancer un premier appel d'offre de 1000 MW d'énergie éolienne auprès d'investisseurs privés.

Cet appel d'offre permettait de contourner les réticences d'Hydro-Québec face au développement de l'énergie éolienne en faisant reposer le risque sur l'entreprise privée. Cet appel d'offre avait aussi pour objectif de jeter les bases d'une nouvelle industrie de l'éolien au Québec et tout spécifiquement en Gaspésie, dans la mesure où il comportait des exigences obligeant les promoteurs retenus à dépenser 60 % des immobilisations en Gaspésie, les obligeant par le fait même à créer de toute pièce des usines de fabrication de pièces dans cette région.

Le succès de cet appel d'offre étonna la direction d'Hydro-Québec : des projets pour près de 4000 MW furent déposés et le coût des projets retenus fut inférieur aux prévisions.

À la suite de la contestation publique puis de l'abandon du projet de centrale thermique au gaz du Suroît, le gouvernement libéral de Jean Charest fait prendre au Québec le virage de l'éolien. Il annonce un second appel d'offre de 2000 MW. Cette fois, contrairement au premier appel d'offre, les projets ne sont plus limités à la Gaspésie mais peuvent provenir de la totalité du Québec. Les projets présentés dans le cadre de cet appel d'offre seront déposés le 18 septembre 2007.

Face aux critiques qui s'élèvent dans le monde municipal et coopératif (voir section suivante) le gouvernement annonce, en 2006, un troisième appel d'offre qui sera lancé en 2008 et qui sera réservé aux projets communautaires (250 MW) ou émanant de communautés autochtones (250 MW).

Hydro-Québec Production, en dehors des processus d'appel d'offre, a aussi conclu des ententes de gré à gré avec trois promoteurs privés. Ces trois parcs éoliens sont ceux de Axor, à Cap-Chat ainsi qu'à Saint-Ulric-de-Matane (100 MW), construit à partir de 1998, 3Ci à Murdochville (169 MW) et le projet de SkyPower dans la MRC de Rivière-du-Loup (201 MW). La nouvelle politique énergétique du Québec adoptée en 2006 exclut dorénavent toute nouvelle signature de contrat de gré à gré, hors du processus d'appel d'offre.

En ajoutant ces quelques 500 MW de contrats de gré à gré aux trois appels d'offre, la production totale d'énergie éolienne totalisera près de 4000 MW d'ici 2015. Compte tenu qu'Hydro-Québec estime à 4000 MW d'énergie éolienne la capacité d'intégration de son réseau de transport, il serait surprenant qu'un nouvel appel d'offre soit lancé au cours des prochaines années.

Les appels d'offres

Malgré le succès remporté par le premier appel d'offres de 1000 MW, de nombreuses critiques se sont élevées face à cette façon de procéder pour développer le potentiel éolien du Québec.

Par sa nature même, un appel d'offres sert à sélectionner le projet éolien le moins coûteux pour l'acheteur d'électricité (Hydro-Québec). Or, le projet le moins coûteux n'est pas obligatoirement le plus rentable pour la société. De nombreux coûts qui ne sont pas pris en charge par le promoteur peuvent en effet affecter négativement la rentabilité globale d'un projet. C'est le cas des coûts associés à la dégradation d'un paysage, par exemple, lesquels sont assumés par l'industrie touristique ou les propriétaires de résidences qui pourraient voir la valeur de leur bien baisser. Or, pour répondre à l'exigence du plus bas coût envisageable, les projets développés au Québec sont fréquemment localisés en milieux habités, à l'endroit où les routes d'accès aux sites sont déjà en place, mais également à l'endroit où les impacts négatifs sur les paysages et sur la population sont principaux.

Toujours pour répondre à l'exigence du plus bas coût envisageable, les promoteurs n'offrent généralement que des redevances particulièrement faibles aux propriétaires ainsi qu'aux municipalités qui accueillent ces projets, en comparaison avec les redevances offertes dans d'autres pays ou dans d'autres provinces canadiennes. Ce bas niveau de redevances renforce la vision qu'a une partie croissante de la population que le gouvernement du Québec est en train de vendre à bas prix une ressource naturelle collective et renouvelable à des intérêts étrangers en ne laissant au Québec que la plus faible part des retombées économiques.

Cette prise de conscience pousse de nombreuses municipalités, MRC ou coopératives d'agriculteurs, à vouloir se lancer dans le développement communautaire de l'éolien, pour retirer une plus grande part de retombées potentielles de l'exploitation de la ressource. Or, toujours une fois, la nature même des appels d'offre décourage la mise sur pied de projets communautaires. D'une part, aucune coopérative ou municipalité n'est en mesure de jouer à armes identiques contre une multinationale dans la course au plus bas coût envisageable, et ce même si un projet communautaire peut être socialement plus rentable qu'un projet privé. D'autre part, même à l'intérieur du futur appel d'offres réservé aux projets communautaires (250 MW), on incite les municipalités et coopératives qui voudront décrocher un contrat avec Hydro-Québec, à se battre entre elles ainsi qu'à ainsi prendre des risques financiers importants qui pourraient compromettre la viabilité des projets communautaires.

Face à ce constat deux modèles de développement sont proposés par les critiques du modèle actuel : la nationalisation de l'énergie éolienne (voir plus loin) et la mise en place d'un tarif d'achat unique. Selon cette dernière formule qui a été mise de l'avant dans la majorité des pays européens, Hydro-Québec pourrait acheter toute l'énergie éolienne produite par des tiers à un coût fixe, le même pour l'ensemble des producteurs. Cette formule a l'avantage, pour un promoteur communautaire, de savoir d'avance s'il lui est envisageable de développer un projet rentable sans avoir à se lancer dans une course à l'issue incertaine. Pour une coopérative ou une municipalité, ceci peut faire toute la différence.

L'encadrement insuffisant des projets face aux enjeux d'aménagement du territoire

L'une des principales critiques du développement éolien est le manque d'encadrement gouvernemental, surtout pour faire face aux enjeux de l'aménagement du territoire. Quand le premier appel d'offres a été lancé, ce dernier n'avait été précédé d'aucune réflexion sur la façon avec laquelle on pouvait aménager un parc éolien et sur les territoires à protéger. Ces deux dernières années, de nombreux cafouillages ont été relevés par le monde municipal, des citoyens et le bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) à travers la mise en place des récents projets éoliens. Parmi ceux-ci :

  • Le processus non transparent de négociation des droits fonciers entre les promoteurs et les propriétaires des terrains;
  • L'absence de garantie suffisante assez à la remise en état des sites après l'exploitation du parc éolien;
  • L'absence de normes pan-québécoises relative aux distances à appliquer entre les éoliennes et les autres usages présents sur le territoire;
  • L'absence de données fiables sur l'impact des grands parcs éoliens sur la faune aviaire, surtout le long des corridors d'oiseaux migrateurs;
  • L'absence de concertation entre le promoteur et les populations locales sur la conception du parc éolien, surtout à ce qui a trait à l'intégration au paysage;
  • L'absence de règlement ou de pouvoir règlementaire efficace au niveau municipal pour gérer l'intégration paysagère des éoliennes;
  • La grande disparité des redevances versées aux municipalités ainsi qu'aux propriétaires terriens d'un projet à l'autre.

Tous ces éléments, et d'autres toujours, ont fait dire à certains que le développement éolien au Québec se faisait dans l'anarchie, ce dont se défend bien le gouvernement du Québec.

«Plusieurs participants à l'audience publique issus de divers secteurs ont critiqué la planification du développement de la filière éolienne par le gouvernement du Québec, le qualifiant, entre autres, de non structuré, d'improvisé, ou alors d'anarchique. Tandis que certains demandent une consultation publique, d'autres réclament un moratoire, le temps de faire le point sur l'état des connaissances de cette filière énergétique et de mieux planifier l'intégration des parcs éoliens aux objectifs de protection et de développement des régions d'accueil[2]

Le 30 novembre 2006, le gouvernement provincial annonce qu'il envisage la création d'un «bureau éolien»[3]. Le 1er décembre 2006, le parc éolien de la Baie-des-Sables, dans la MRC de Matane, a été installé pour produire 109, 5 mégawatts d'électricité[4]. Il est estimé qu'en 5 ans, 550 nouvelles éoliennes seront construites en Gaspésie. En février 2007, le gouvernement québécois annonce un resserrement de l'encadrement du développement éolien, en ajoutant des critères en imposant aux promoteurs et municipalités de tenir compte des paysages et de la faune affectés mais aussi des risques liés à la sécurité publique. [5]

Le débat sur la nationalisation de l'éolien

Il y a peu de temps, Pauline Marois, le SPQ-Libre et le parti Québec solidaire ont proposé de nationaliser le secteur éolien au Québec.

Des arguments financiers sont à l'origine de cette revendication. Le prix d'achat de l'électricité éolienne au Québec serait nettement plus faible qu'ailleurs dans le monde. Selon les pays, le prix de l'électricité éolienne fluctuerait entre trois et six cents CAD par kilowatt-heure (kWh) (c'est légèrement plus de trois cents dans le sud des États-Unis, légèrement plus de quatre au Danemark, légèrement plus de six en Allemagne et au Royaume-Uni, légèrement moins de cinq cents par kWh) [6].

Par contre, plusieurs auteurs notent le manque d'expertise du Québec pour le développement de l'éolien, comparé à des compagnies bien implantées.

«L'expertise d'Hydro-Québec, à côté de celle de ces entreprises, toutes privées, est insignifiante. Si elle veut se lancer dans la production, Hydro devra ou bien faire appel à ces entreprises, ou bien engloutir une fortune pour essayer de développer sa propre technologie, ce qui serait de la folie[7]

Or, fait important à noter, la majorité des compagnies qui développent des projets éoliens au Québec n'ont qu'une particulièrement mince expérience de la filière éolienne. Certaines n'ont même aucune éolienne à leur actif au moment de soumettre leur projet à Hydro-Québec. Il faut savoir que même dans l'hydraulique, Hydro-Québec confie à des tiers une bonne partie de la réalisation de ses centrales : l'ingénierie à SNC-Lavalin, la construction à telle ou telle entreprise, la conception et la réalisation des turbines à General Electric, etc. Ceci ne l'empêche pas d'être propriétaire des moyens de production. La même chose pourrait être faite dans l'éolien. C'est d'ailleurs ce que font les promoteurs privés : ils confient la quasi-totalité du projet à des tiers. Les éoliennes sont fabriquées par Vestas ou General Electric, la conception du parc est faite par des firmes comme Hélimax ou Genivar, la gestion du chantier est confiée à une autre firme (comme Hatch Acres), la réalisation des études d'impacts est faite par une autre firme d'ingénieurs. Le promoteur n'a en fait que la responsabilité d'assurer le montage financier, car construire un parc éolien est avant tout un métier de financiers.

La pertinence de développer l'éolien

Certains économistes remettent en doute la pertinence pour le Québec de se lancer dans le développement de son potentiel éolien[8]. Ces économistes notent que le coût réel de production est de 8, 35 cents/kWh pour les 1 000 MW en construction. Ce coût est supérieur au prix de vente de l'électricité aux consommateurs québécois. Ce coût est en particulier beaucoup supérieur au coût qu'il est envisageable pour Hydro-Québec de payer l'électricité sur le marché nord-américain (2, 3 cents/kWh), prix qui varie beaucoup selon la journée et selon l'heure du jour. Ils affirment qu'il serait bien plus rentable pour le Québec de perfectionner son intégration au marché nord-américain par la construction de nouvelles lignes d'interconnexion pour ainsi être en mesure d'acheter plus d'électricité à bas prix en période de faible demande. Le Québec, grâce à sa grande capacité de stockage d'énergie dans ses réservoirs hydro-électrique, est l'État le mieux positionné pour profiter de cette fluctuation des prix de l'électricité pour s'enrichir.

Notes et références

  1. [pdf] Hélimax Énergie inc. AWS Truewind, LLC. 2005. Inventaire du potentiel éolien exploitable du Québec. Préparé pour le gouvernement du Québec.
  2. Québec. Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. 2006. Projet de développement d'un parc éolien dans la MRC de Matane par le Groupe Axor inc.  : rapport d'enquête et d'audience publique. Québec : Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, page 57.
  3. Martin Pelchat. 2006. «Québec pense créer un bureau de l'éolien». Le Soleil (Québec), 1 décembre, page 5.
  4. Carl Thériault. 2006. «Inauguration mouvementée d'un parc éolien». Le Soleil (Québec), 2 décembre, page 55.
  5. Couture, Pierre, Québec encadre le développement éolien, journal Le Soleil (Québec) , 10 février 2007, p. 47.
  6. Gabriel Sainte-Marie. 2006. «Faut-il nationaliser le vent ?». Le Journal de Montréal (Montréal), 1 novembre : page 48.
  7. Claude Picher. 2006. «Nationaliser l'éolien : une erreur». La Presse (Montréal), 31 octobre : Affaires page 1.
  8. Gérard Bélanger et Jean-Thomas Bernard. 2006. «Oublions l'éolien». La Presse (Montréal), 23 septembre

Sources externes

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